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Source des données : BnF Archives et manuscrits
La tradition manuscrite des Epistulae morales de Sénèque comporte deux familles principales: celle qui transmet les 124 lettres selon une répartition en 20 livres (famille α) et celle qui ne rapportent que 88 lettres, sans division par livre, avec ou sans transpositions. Cette seconde famille (γ), la plus répandue au Moyen Âge, conserve le souvenir d’une division antique en 2 ou 3 volumes (vol. 1, Epist. 1-88 ; vol. 2, Epist. 89-124 ; d’un hypothétique 3e vol, n’ont été conservés, que quelques frg. chez Aulu-Gelle ; voir Texts and transmission, 1983, p. 370-374). Cette copie des Epist., sigle P des éditions, est parmi les plus anciens témoins de sa famille, dont une des caractéristiques, la division en deux parties des Epist. 9 et 48 (respectivement ici, f. 13r et 53v), se retrouvent dans des ms. du XIVe s. (voir Fohlen, 1971, p. 82). L’ordre des lettres est régulier et leur découpage était probablement identique à Paris, Bnf, lat. 8540, dont l’écriture est proche de celle du bifeuillet 123/128 de notre ms., on peut donc penser qu’ils ont été produits dans le même scriptorium (Reims ?) à la fin du IXe s. Une autre particularité du ms. tient à son titre: il annonce vingt livres, dans une formulation qui le place comme parent d’un groupe de ms. du XIIe s. originaires de Normandie (voir Fohlen, 1973 p. 243 n. 3 ; 1995, p. 130-131). De plus, les Epist. sont copiées les unes à la suite des autres, sans indication du découpage en livre, sauf à un unique endroit: au début du livre 6 (Epist. 53, ici au f. 59v), qui serait la trace d’un découpage interne du premier volume original en deux parties (cf. Texts and transmission, 1983, p. 370; voir aussi Spallone, 1995). Enfin, la copie d’origine a été très tôt amputée de la fin (perte des deux premiers bifeuillets du dernier cahier: 2 f. entre 122 et 124 ; 2 f. après 127), produisant deux lacunes de texte qu’un bifeuillet (f. 123/128) tente imparfaitement de combler. L’hypothèse de D. Wilmart à ce propos, ainsi que l’analyse qu’il fait de la souscription sont difficilement acceptables ; il nous semble en effet très improbable que le volume pu être victime deux fois de suite d’accidents au même endroit du volume dans un temps relativement réduit (avant la fin du IXe s.). De plus, en raison de la souscription de Ragambertus (voir Cat. Mss. Datés III, p. 727 ; Colophons V, 1979, p. 198 n° 16356 ; Gullick, 1995, p. 57 n. 36) qui dit avoir copié ce livre et des deux petits ajouts d’une même main (peut-être de la fin du IXe s.), nous devons exclure la possibilité que le bif. 123/128 ait été produit spécialement dans l’intention de restaurer intégralement le volume, car l’un des extraits, une seule ligne dans la marge inférieure du f. 127v, se trouve sur la partie originale, tandis que l’autre, comportant huit lignes se situe sur la partie ajoutée, sous la souscription au f. 128r. Nous déduisons que la présence des f. 123/128 à cet endroit résulte du réemploi d’un frg. d’une autre copie des Lettres de Sénèque. Il reste que cette réfection incomplète pose plusieurs problèmes, dans la mesure où il est nécessaire de postuler que la copie du ms. de Ragambertus, dont seuls les f. 123/128 sont conservés, avait été prise cahier par cahier sur le même modèle que le ms. en possession de Heiric. Dans le cas contraire, il serait difficile d’expliquer comment le raccord entre les f. 122 et 123 a pu se produire au mot près, sans ajustement ni lacune de texte.
f.1-2. Frg. de charte angevine (XVIe s.) relative aux habitants de Volnay (Sarthe) ; réutilisé comme feuillet de garde.
f. 3r-128r. L. ANNAEUS SENECA, Epistolae morales ad Lucilium [avec numérotation non systématique des Lettres ajoutée par une main moderne (XVIIIe s.?); la même qui a copié l'explicit final ; éd. O. Hense, Leipzig: Teubner, 19142, notice, p. VII sqq. (t. III, 1898, 1er éd. p. V)]: f. 3r-15v. Liber I Epist. 1–12: «Continentur in hoc codice Lucii Annei Senecae litterarum moralium ad Lucilium libri numero XX. Seneca Lucilio suo salutem. Ita fac mi Lucili uindicate (…) sciant quequae optima sunt» [suivent deux lignes vides où manquent les derniers mots 'esse communia. Vale’] f. 16r-27v. Liber II Epist. 13–21: «Multum tibi esse animi scio (…) non quod potes. Vales» f. 27v-37v. Liber III Epist. 22–29: «Iam intellegis educendum esse (…) quae via ad istum favorem ferat? Vale » f. 37v-47v. Liber IV Epist. 30–41: «Bassum Aufidium, virum optimum (…) quos nemo retinet, populus inpellit? » f. 48r-59v. Liber V Epist. 42–52: «Iam tibi iste persuasit virum (…) sed antisti[s]tem nancta est. Vale » f. 59v-72r. Liber VIEpist. 53–62: «L Annei Senecae ad Lucilium liber VI. Seneca Lucilio suo salutem. Quid non potest mihi persuaderi (…) sed tamquam aliis habenda permiserit. Vale » f. 72r-85r. Liber VII Epist. 63–69: «Moleste fero decessisse Flaccum (…) nam quod reliquis alienum est. Vale » f. 85r-96r. Liber VIII Epist. 70–74: «Post longum intervallam Pompeios (…) ex eo quod sentias dolor. Vale » f. 96v-107v. Liber IX Epist. 75–80: «Minus tibi accuratas a me epistulas (…) nunc qualis sis aliis credis. Vale » f. 107v-115v. Liber X (?) Epist. 81–83: «Quereris incidisse te in hominem ingratum (…) in parte ebrium? Vale » [sur la question des divisions en livre, voir Fohlen, 1971, p. 88-89; 1995, p. 131 n. 7 ; Texts and transmission, 1983, p. 370] f. 115v-128r. Liber XI (?) Epist. 84–88: f. 115v-122r. Epist. 84–87,7: «Itinera ista quae segnitiam mihi (…) suburbani agri possidet » f. 123r-v. Epist. 87,7–87,19: « quantum invidiose (…) otiosius verme » f. 124r-127v. Epist. 87,31–88,34: « … ] melius, qui ait divitias (…) si minus, apertius. Vale. [n° 88] De liberalibus studiis quid sentiam scire (…) aliquid fuerit et tempus. Innumera[ … » ; Epist. 88,36 [ajout marge inf.; autre main]: « An tu existimas reprendendum qui supervacua usibus [usu f (cod.)] comparat ». f. 128r. Epist. 88,45-46: « … ] quam nihil. Illi non praeferunt (…) nihil scire. Vale. Ragambertus quamvis indignus laicus barbatus hunc codicem scripsit » ; [ajout (XVIIIe s.?) entre Vale et la souscription]: « Explicit liber XIII epistularum Senecae ». f. 128r. Epist. 88,42-43 [ajout sous la souscription, de la même main que l'addition en marge inf. du f. 127v]: « Philosophi quantum habent supervacui (…) in utramque partem disputabilis sit ». f. 128v. Essai de plumes: alphabet latin noté verticalement ; on a ensuite ajouté dans le champ droit de la page le premier verset du Psaume 109 et répons noté (neumes du XIIe s. selon Wilmart – Vernet, 1959, p. 39); ce f. est très effacé.
Ce manuscrit a fait l’objet d’une notice dans le cadre du projet MANNO (Manuscrits notés en neumes en Occident).
Source des données : Europeana regia
Source des données : Mandragore
L'origine de ce ms., anciennement attribué à Corbie sans aucune certitude (selon Chatelain, 1892, p. 22, col. 2 n. 1 ; voir Fohlen, 1971, p. 75), a été mis en doute par Reynolds (1965, p. 95-97), qui, dans sa contribution au volume Texts and transmission (1983, p. 371), a émis la possibilité qu’il a pu être copié dans la vallée de la Loire, en raison du frg. de charte placé comme feuillets de garde (f. 1-2); voir aussi Fohlen, 1995a, p. 131. De son côté, Munk Olsen, 1985, p. 441 n° B.180, situe son origine dans le nord de la France. Pour notre part, suite aux remarques faites à propos des écritures et en raison des interventions de Heiric [d’Auxerre], nous privilégions l’opinion de Munk Olsen, en précisant toutefois, qu’il a été produit dans l’entourage de Heiric, peut-être à Reims durant l'abbatiat d'Hincmar. De ce fait, la datation rapportée par Wilmart – Vernet, 1959, p. 38-40 : 1ère moitié du IXe s., autour de 830 (d’après Fr. Préchac, Sénèque, Lettres à Lucilius, Paris : Les Belles-Lettres, 1945, p. x), serait trop haute. Il faut retenir la proposition de Reynolds, suivie par Munk Olsen, qui place la réalisation de ce ms. dans la seconde moitié du IXe s. et si l’on accepte l’hypothèse selon laquelle il aurait été copié par un proche collaborateur de Heiric, la fourchette se réduirait aux années 865-876/877 (ou 883, selon la date retenue du décès de Heiric). Enfin, il n’est possible de tirer aucun argument de la présence du frg. de charte, qui a été ajouté dans le volume au moment de sa reliure au XVIIe s. ; pas plus que l’attestation d’un exemplaire des Lettres dans le catalogue médiéval d’une bibliothèque angevine (voir Fohlen, 1995a, p. 131). Il est probable que ce ms. ait été déplacé à de nombreuses reprises au cours de son histoire et il n'est donc pas impossible qu'il se soit trouvé, à la fin du Moyen Âge, à Corbie, où l’on pense que Jacques-Auguste de Thou (1553-1617) s'était procuré des ms. (cf. Delisle, Cab. des mss. II, p. 133-134). Toujours est-il, que le ms. a fait partie de la collection de J.-A. de Thou, dont le nom apparaît au bas du f. 3: « Jac. Aug. Thuani » (cote du catalogue de 1617 par P. Dupuy: [n° 423]). En 1680, il a été acheté par Jean-Baptiste Colbert avec les autres mss. de Thou (Delisle, Cab. des mss. I, p. 470-472). Il a enfin été acquis par la Bibliothèque du roi en 1732 avec les mss. de Colbert.
L'origine de ce ms., anciennement attribué à Corbie sans aucune certitude (selon Chatelain, 1892, p. 22, col. 2 n. 1 ; voir Fohlen, 1971, p. 75), a été mis en doute par Reynolds (1965, p. 95-97), qui, dans sa contribution au volume Texts and transmission (1983, p. 371), a émis la possibilité qu’il a pu être copié dans la vallée de la Loire, en raison du frg. de charte placé comme feuillets de garde (f. 1-2); voir aussi Fohlen, 1995a, p. 131. De son côté, Munk Olsen, 1985, p. 441 n° B.180, situe son origine dans le nord de la France. Pour notre part, suite aux remarques faites à propos des écritures et en raison des interventions de Heiric [d’Auxerre], nous privilégions l’opinion de Munk Olsen, en précisant toutefois, qu’il a été produit dans l’entourage de Heiric, peut-être à Reims durant l'abbatiat d'Hincmar. De ce fait, la datation rapportée par Wilmart – Vernet, 1959, p. 38-40 : 1ère moitié du IXe s., autour de 830 (d’après Fr. Préchac, Sénèque, Lettres à Lucilius, Paris : Les Belles-Lettres, 1945, p. x), serait trop haute. Il faut retenir la proposition de Reynolds, suivie par Munk Olsen, qui place la réalisation de ce ms. dans la seconde moitié du IXe s. et si l’on accepte l’hypothèse selon laquelle il aurait été copié par un proche collaborateur de Heiric, la fourchette se réduirait aux années 865-876/877 (ou 883, selon la date retenue du décès de Heiric). Enfin, il n’est possible de tirer aucun argument de la présence du frg. de charte, qui a été ajouté dans le volume au moment de sa reliure au XVIIe s. ; pas plus que l’attestation d’un exemplaire des Lettres dans le catalogue médiéval d’une bibliothèque angevine (voir Fohlen, 1995a, p. 131).
Il est probable que ce ms. ait été déplacé à de nombreuses reprises au cours de son histoire et il n'est donc pas impossible qu'il se soit trouvé, à la fin du Moyen Âge, à Corbie, où l’on pense que Jacques-Auguste de Thou (1553-1617) s'était procuré des ms. (cf. Delisle, Cab. des mss. II, p. 133-134). Toujours est-il, que le ms. a fait partie de la collection de J.-A. de Thou, dont le nom apparaît au bas du f. 3: « Jac. Aug. Thuani » (cote du catalogue de 1617 par P. Dupuy: [n° 423]). En 1680, il a été acheté par Jean-Baptiste Colbert avec les autres mss. de Thou (Delisle, Cab. des mss. I, p. 470-472). Il a enfin été acquis par la Bibliothèque du roi en 1732 avec les mss. de Colbert.
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